Journée internationale des femmes et des filles de science : Entretien avec Nancy Poole, spécialiste des questions liées au sexe et au genre au Réseau BRILLEnfant

Le 11 février 2021 marque la sixième Journée internationale des femmes et des filles de science des Nations Unies. Cette journée est l’occasion de promouvoir un accès et une participation complets et égaux à la science pour les femmes et les filles.

Au Réseau BRILLEnfant, la majorité de nos patients partenaires et chercheurs sont des femmes ou des filles. Nous sommes fiers que ces membres contribuent à notre mandat d’améliorer la vie des enfants ayant des troubles du développement d’origine cérébrale et de leurs familles.

Dans le cadre de leur mandat, nos équipes de projet de recherche recueillent des renseignements sur le sexe et le genre des participants afin de découvrir si les interventions ont des effets différents sur les hommes/femmes et les garçons/filles. Ils sont guidés dans leur travail par un spécialiste en matière de sexe et de genre, un rôle défini par les IRSC comme un chercheur qui possède ou acquiert une expertise dans l’étude du sexe en tant que variable biologique et/ou du genre en tant que déterminant social de la santé. 

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Au Réseau BRILLEnfant, nous avons la chance d’avoir Nancy Poole comme spécialiste en matière de sexe et de genre. Nancy est la directrice du Centre d’excellence pour la santé des femmes (site en anglais), un centre de recherche et d’échange de connaissances géré par le BC Women’s Hospital & Health Centre à Vancouver. Dans ce rôle, elle dirige le développement du réseau, la recherche et l’échange de connaissances dans le cadre de l’amélioration des politiques et des prestations de services liées à la santé des filles et des femmes et de l’avancement global de la science du sexe et du genre.  Elle est également directrice de la prévention pour le Réseau de recherche canadien sur le TSAF (en anglais). Nancy a travaillé avec des gouvernements et des organisations partout au Canada et à l’échelle internationale, offrant une réflexion créative sur des questions complexes comme les interconnexions entre les problèmes de consommation de drogues et l’expérience des traumatismes et de la violence intime des partenaires. Engagée à établir des liens entre les cultures, les genres, les secteurs et malgré la distance, Nancy agit comme un catalyseur pour apporter des connaissances à la pratique et aux politiques afin de promouvoir l’équité.

À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, nous avons demandé à Nancy de nous en dire plus sur son rôle au sein du Réseau BRILLEnfant, sur son point de vue sur les questions les plus urgentes dans la recherche concernant les femmes et les filles et sur la façon dont les analyses basées sur le sexe et/ou le genre peuvent potentiellement améliorer notre compréhension des troubles du développement d’origine cérébrale chez les enfants et les jeunes.

 

RB : Comment décririez-vous votre rôle au Réseau BRILLEnfant? 

Nancy Poole : Le spécialiste en matière de sexe et de genre aide l’équipe de recherche à obtenir des résultats de recherche valides qui tiennent compte des problèmes de sexe et de genre tout au long du processus de recherche.  En plus d’aider l’équipe du réseau, j’anime une communauté en ligne de tous les spécialistes en matière de sexe et de genre qui travaillent avec des équipes de recherche au Canada, où tous les spécialistes s’entraident dans leurs rôles de mentors et de consultants sur les questions de sexe et de genre avec leurs équipes.

RB : En plus d’être la spécialiste en matière de sexe et de genre au Réseau BRILLEnfant, vous êtes également la directrice du Centre d’excellence pour la santé des femmes à Vancouver, au Canada, et la directrice de la prévention pour le Réseau de recherche canadien sur le TSAF. Qu’est-ce qui vous a d’abord incitée à entreprendre des recherches dans les domaines de la santé des femmes et du TSAF, respectivement? 

N.P. : Lorsque je travaillais dans un refuge pour les femmes fuyant la violence, j’ai remarqué que de nombreuses femmes se voyaient prescrire des tranquillisants (benzodiazépines), plus souvent pour des problèmes d’injustice sociale que pour des problèmes de santé mentale diagnostiqués.  Leur capacité à penser clairement et à apporter des changements à leur vie était entravée par ces médicaments.  Cela m’a poussée à commencer à travailler avec une chercheuse célèbre qui étudiait la prescription excessive de ces médicaments, Dre Ruth Cooperstock, et avec certains experts en échange de connaissances chez Santé Canada.  Nous avons préparé une trousse d’information (C’est juste vos nerfs) sur les liens entre l’expérience de la violence, de l’alcool et de l’utilisation de tranquillisants, que j’ai ensuite partagée avec les fournisseurs de soins primaires et les groupes communautaires de femmes en Ontario. Ce travail m’a incitée à voir l’importance de la recherche comme un sous-jacent de la promotion de la santé auprès des femmes.

RB : De quelle(s) façon(s) votre expérience en tant que femme dans la recherche a-t-elle changé au cours de votre carrière? 

N.P. : Mon expérience en tant que femme dans la recherche a changé de deux façons. Tout d’abord, j’ai eu la chance d’avoir de nombreuses occasions qui m’ont été offertes par des mentors brillants. Je suis maintenant en mesure d’aider d’autres chercheurs travaillant pour le Centre d’excellence pour la santé des femmes. Deuxièmement, au fil du temps, j’ai constaté de plus en plus l’importance de prendre en compte le sexe et le genre dans la recherche sur la santé, compte tenu de la mesure dans laquelle cela a été fait de façon inadéquate dans le passé.  

RB : À votre avis, quels sont les problèmes les plus urgents concernant les femmes et les filles dans la recherche aujourd’hui? 

N.P. Pour moi, il est important que nous fassions progresser la science du sexe et du genre dans l’ensemble, et que nous intégrions des approches transformatrices de genre dans tout ce que nous faisons.  Par « approches transformatrices de genre », je cible les approches axées sur l’amélioration de l’équité de genre qui représente une voie vers l’amélioration de la santé.

RB : Comment une analyse basée sur le sexe et/ou le genre peut-elle potentiellement améliorer notre compréhension des troubles du développement d’origine cérébrale chez les enfants et les jeunes?

N.P. : En ce qui concerne le sexe, il existe de nombreuses façons dont les problèmes de santé physique et mentale associés à ces troubles sont impactés par la génétique, l’anatomie, la physiologie, la neurobiologie, etc., de sorte que l’analyse des différences sexuelles est importante afin de comprendre les mécanismes, les voies, les facteurs de risque/protection, la progression, les traitements et les résultats pour les personnes ayant ces troubles. Du côté du genre, il existe de nombreuses influences genrées, qui sont déterminées par la famille, la société et la culture, qui viennent influencer l’expérience des personnes qui ont des handicaps, et qui influencent aussi leur capacité à accéder à l’éducation et à d’autres occasions en matière de santé, sociales et professionnelles, par exemple, les rôles de genres, le pouvoir décisionnel genré, et les règlements institutionnels genrés comme les alertes de naissance.

Merci à Nancy d’avoir pris le temps de partager son point de vue avec nous et pour ses conseils au sein de notre réseau et de nos équipes de recherche! Apprenez-en davantage sur nos 13 équipes d’étude de recherche ici.